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Les différents niveaux de la participation des personnes, des habitants dans une action collective

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Je me propose de rappeler quelques éléments essentiels sur ce qui constitue une action collective en travail social. Une pratique que les étudiants en service social connaissent bien et qui, pour certain(e)s, les inquiètent un peu au moment des épreuves du  Diplôme D’État… C’est pourquoi je souhaite aborder pour eux (je l’espère de façon simple) la question des différents niveaux de participation des habitants lorsqu’ils s’investissent dans une action collective conduite par des travailleurs sociaux…

Ce développement est extrait pour partie du rapport de l’ancien Conseil Supérieur du Travail Social  sur l’Intervention Sociales d’Intérêt Collectif, ouvrage publié en 2010 mais qui reste à mon avis d’actualité. J’avais eu le plaisir de piloter avec Brigitte Bouquet un groupe de travail sur ce thème.  Brigitte avait  rédigé le 2ème chapitre traitant  des concepts, j’avais eu pour ma part eu à écrirer la première partie intitulée « une brève histoire de l’ISIC »  en étant « corrigé »  par Henri Pascal. J’avais aussi écrit la partie sur les freins, les leviers et les enjeux liés aux interventions collectives.   Mais revenons à notre sujet du jour :

Qu’est-ce que la participation ?

Dans le monde du travail, La participation est un mécanisme de redistribution des bénéfices de l’entreprise aux salariés. Elle est obligatoire dans les entreprises dont l’effectif est de 50 salariés ou plus.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la participation désigne l’implication d’une personne dans une situation de vie réelle. En outre, les théories de la justice de Rawls et Amartya Sen ont cherché à construire un modèle de société fondé sur la coopération sociale de l’ensemble des citoyens. Dans ce cadre, la participation sociale des membres de la société et la liberté offerte à chacun d’accomplir son projet de vie deviennent un objectif central à la fois comme condition et comme expression de la citoyenneté et de l’épanouissement humain.

D’une manière générale, deux types d’approche caractérisent la participation : restrictive et globale.

  • L’approche restrictive la définit uniquement sur la base des activités sociales de la personne (Bukov et coll., 2002 ; Utz et coll., 2002).
  • L’approche globale inclut les activités courantes et les rôles sociaux de la personne. Cette dernière doit d’abord être en situation de pouvoir réaliser les activités courantes essentielles à sa survie, pour pouvoir assumer  ses rôles sociaux, assurant ainsi son développement et son épanouissement dans la société.

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Les différents niveaux de participation de Sherry Arnstein, travailleuse sociale américaine (11 janvier1930 – 19 janvier 1997) sont aussi à prendre en compte. Il y en a 8, mais les 2 premiers cités n’en sont pas vraiment :

1 Manipulation

2 Thérapie                                  1 et 2 sont de la « Non participation »

3 Information

4 Consultation                            3,4,5 correspondent  à la Coopération symbolique

5 Réassurance (Placation)

6 Partenariat

7 Délégation de pouvoir             6,7,8 correspondent au  pouvoir effectif des citoyens

8 Contrôle citoyen

Si cette échelle est simplificatrice, elle permet cependant d’illustrer qu’il existe des paliers significatifs de participation. Une différence notoire sépare le rituel de participation vidé de son sens, du pouvoir réel nécessaire pour influencer l’issue du processus et, pour certains, il n’y aurait de participation véritable que lorsqu’il y a partage du pouvoir et organisation d’une authentique codécision.

Mais ces différents niveaux peuvent aussi être présentés  autrement  : une façon n’exclue pas l’autre. Par exemple pour être consulté il est nécessaire d’avoir été préalablement informé… Ce sont les mêmes concepts qui excluent toutefois ceux de la non-participation.

1. L’information  qui correspond à des communications de type unilatéral. Elle va permettre aux experts de présenter et d’expliquer les orientations d’un projet, Il est alors considéré que les personnes ont participé tout simplement parce qu’on leur a présenté le projet. C’est un peu court effectivement, mais cette position en surplomb des experts existent « dans la vraie vie ». C’est d’ailleurs souvent ce qui pose problème face à des projets urbains

2. La consultation qui permet d’atteindre un niveau supérieur de participation. Elle consiste à sonder l’avis des citoyens, quant à un projet particulier, et d’en tenir compte dans la prise de décision finale. D’en tenir compte… Ou pas. Là aussi, c’est un problème : on le voit dans les enquêtes d’utilité publique, où les habitants d’un quartier par exemple peuvent avoir du mal à se faire entendre

3. La concertation, qui, par son fort niveau d’insertion du public, relève bel et bien de la participation. C’est ainsi que tout un processus se met en place, au cours duquel, à chaque étape, les citoyens auront la possibilité de donner leur avis. Il devient difficile de passer outre les avis exprimés lors d’une concertation, car des liens sont établis, une relation de confiance et d’écoute mutuelle est nécessaire pour la réussite de toute concertation. Pour autant que diront des délégués du personnel d’une entreprise invités à participer à une concertation. Là aussi, les avis exprimés peuvent être mis de côté. C’est quand même moins fréquent que dans le cadre d’une consultation.

4. La codécision consiste quant à elle,  en une « participation directe à l’élaboration de la décision ou une gestion déléguée » Plus rare en France cette pratique existe de façon commune dans les pays anglo-saxon. C’est le chemin à prendre. Il consiste à concilier ce sur quoi tous sont d’accord pour que chacun des acteur décident ensemble dans le respect de la position de chacun

 5. L’évaluation enfin, qui représenterait un ultime niveau de participation, permettrait aux participants de « faire le point sur l’effectivité » de ce qui a été fait tout au long du processus de participation. C’est un « droit de suite » qui permet de constater que la décision co-construite a bien été mise en oeuvre. Beaucoup de décisions sont sans effet. Il s’agit là de vérifier et de donner valeur à ce qui a été engagé à l’issu du processus

Pour le travail social  collectif sous ses différentes formes, le travailleur social est appelé à développer des méthodes participatives, opérationnelles et responsables. Il comprendra la participation comme l’action de prendre part à la vie du groupe ou de la société.

Cependant, même s’il s’appuie sur de la méthode et des outils permettant de favoriser et soutenir participation sociale, il sait que les personnes réunies en un même lieu ne constituent souvent pas un groupe homogène et indifférencié. Les groupes présentent fréquemment des caractéristiques différentes qui font que certaines formes de participation sont possibles ou appropriées pour un groupe et pas pour un autre.

Licence photo  Certains droits réservés par Montclair Film Fest


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Par : Didier Dubasque

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