Plus c’est gros, plus cela passe ! Si on n’est pas Obélix (qui parle de gros ?) et que l’on n’est pas tombé dans la potion magique tout petit, les réseaux sociaux et le net peuvent vite devenir des pièges à « Fake News ».

« L’esprit de l’homme est ainsi fait que le mensonge a cent fois plus de prise sur lui que la vérité » Erasme

Dans cet ouvrage, la scénariste Doan Bui et la dessinatrice Leslie Plée abordent l’origine et la diffusion des fausses nouvelles qui nous assaillent aujourd’hui à travers les médias.

Un exposé très convaincant montre les investigations d’une enquête minutieuse menée par la journaliste avec une mise en dessin plutôt monochrome où la caricature est souvent convoquée.

Une fake news signifie littéralement une fausse information. On parle aussi d’infox, un mot-valise créé sur la contraction des mots information et intoxication. Une infox est une information mensongère ou délibérément biaisée afin de favoriser un parti politique, ou ruiner la réputation d’une personnalité ou de contredire une vérité scientifique.

Les « truthers »

Les « truthers », venant de l’anglais truth (la vérité), veulent absolument coller « leur vérité » sur des faits qui les dérangent et développent les Fake News. Ils se retrouvent dans des conventions du « journalisme alternatif » en opposition aux MSM, les Mainstrean Média, la presse traditionnelle considérée par les truthers comme des journalistes vendus au grand capital et au pouvoir.

Les platistes

Les flat-earther considèrent que la Terre est plate. D’après cet ouvrage, 9 % des Français auraient l’idée d’un globe plat comme une pizza et cette opinion se propagerait lentement avec Thomas Pesquet comme tête de turc qui serait un acteur payé par le pouvoir.

Les algorithmes

Les auteurs de cette BD expliquent l’importance des algorithmes pour les surfers du net et les utilisateurs de YouTube. Ce dernier doit 70 % de son trafic aux recommandations que les algorithmes proposent aux internautes. Le temps passé sur la toile et les interactions avec les autres utilisateurs génèrent le business d’internet. Plateformes de vidéos et GAFAM utilisent des bulles filtrantes et fonctionnent comme des amplificateurs. Des robots poussent les contenus pour avoir plus de vues. Les contenus indignés ou tristes ont plus de chances d’être retweetés. D’après une étude du MIT (institut de recherche américain), une fake news circule 6 fois plus vite qu’une vraie info. Il semblerait que la Macédoine du Nord soit un pays d’où émane un grand nombre de fausses nouvelles, ces contenus qui font du clic, notamment à destination des Américains et des partisans de Trump. Les trolls russes investissent le net pour alimenter une audience dans les groupes communautaires, les nationalistes de droite ou les activistes pro-voile.

Trump s’avère le pape des fake news

Depuis son élection en novembre 2016, Donald Trump a popularisé le terme de Fake News. Ces dernières deviennent une arme des complotistes. L’ancien président est le héros d’une théorie du complot : les Qanon. Sur le forum 4chan, les identités ne sont pas dévoilées, les utilisateurs se nomment « anon » comme anonymous. Un certain Q, qui se dit fonctionnaire haut placé, y distille des messages. Jusqu’à la fin de son mandat, Trump a défié la réalité même au moment de la victoire de Joe Biden qu’il récuse.

Les climatosceptiques et la croisade des anti-vaccins

Depuis Claude Allègre et « L’imposture climatique », un mouvement de climatoseptiques s’est développé. Malgré des réalités vérifiables, certains confondent météo et climat. Plutôt que de regarder « une vérité qui dérange », ils désignent des coupables étrangers et Greta Thunberg, la jeune activiste suédoise devient leur ennemie.

Par le même mécanisme, les antivax ou anti-vaccins distillent leurs idées, la France étant le pays le plus sceptique envers la vaccination.

Pourquoi croit-on les infox ?

La popularité d’une Fake News se mesure à l’envie de croire.  Nous vivons dans un monde complexe et face à l’abondance de l’information, on a du mal à trier. Si autrefois on recevait des chaînes permettant soi-disant de sauver des vies, on reçoit aujourd’hui des spams comme les « arnaques à la nigériane » de langue anglaise ou française venant de Côte-d’Ivoire. Des brouteurs cherchent à rentrer en contact avec des « mugus » afin de les séduire et plus si affinité.

Des tuyaux anti Fake News

En fin d’ouvrage, une dizaine de tuyaux sont donnés aux lecteurs pour démêler le vrai du faux, une  aide précieuse pour les jeunes comme pour des adultes moins avertis. La pandémie de Covid-19 a été le terreau idéal pour la propagation des Fake News : selon une étude de l’université d’Oxford, les vidéos de désinformation sur la Covid ont été partagées plus de 20 millions de fois !

Voilà une bande dessinée comme on les aime, un vrai media d’information et de reportage : ici, une enquête minutieuse sur des faits connus et moins connus parfaitement illustrés. Cet album a toute sa place dans un CDI pour travailler les compétences transversales de l’Éducation aux Médias et à l’Information (l’EMI).